Cette chambre était une petite pièce, qui avait dû, dans le passé, être une chambre coquette, de bon goût. Cependant, à présent, l'endroit était plein de toiles d'araignée, la tringle des rideaux branlait misérablement et risquait de s'écraser au sol à chaque coup du vent qui s'engouffrait par le carreau cassé de la fenêtre. Les tentures trouées et déchirées laissaient passer la faible lumière du crépuscule. Le lit était dépourvu de draps, et le bois du sommier pourrissait lamentablement. Une table de chevet prenait la poussière, ainsi que la lampe à pétrole posée dessus. Il y avait également un secrétaire à l'ancienne mode, et un tabouret en bois. La lourde porte en chêne était infestée de vermine. Quelqu'un poussa la poignée de cuivre rouillé. La porte s'ouvrit à la volée, laissant apparaître une jeune fille... Non, une poupée ! On le voyait à ses étranges articulations. En revanche, son visage merveilleusement sculpté n'était pas figé. Elle battait des paupières de temps à autre, et son nez se plissa quand elle sentit l'odeur nauséabonde de la pièce. Elle avança prudemment mais un peu péniblement à cause de sa lourde sacoche, le plancher grinçant avec des bruits sinistres sur son passage. Sa silhouette était frêle et mince. Ses cheveux noir d'encre étaient coupés comme ceux d'une fillette, la raie de côté. Ses yeux mobiles, d'un gris très clair, aux iris dilatés, observèrent furtivement la pièce. Elle était habillée d'une robe courte, rouge bordeaux, agrémentée de dentelle noire. Ses pieds étaient nus. Elle fronça les sourcils, posa sa sacoche sur le secrétaire et referma la porte. Tous ses gestes étaient saccadés, comme ceux d'une petite fille terrorisée, cherchant à se cacher, à échapper aux regards. Elle effleura le matelas du bout des doigts. Un nuage de poussière en sortit. Elle soupira et s'y assit. Elle ouvrit sa sacoche et en sortit le drap un peu déchiré qu'on lui avait donné et l'étala sur le matelas, pour protéger ses articulations de marionnette de la poussière. Elle regarda de tous les côtés, puis finit par allumer la lampe à pétrole. Elle enleva d'un geste sa robe de coton, dévoilant ses seins blancs, très ronds, presque géométriques. Elle ne portait rien sous son vêtement. Elle s'allongea sur le dos, bras écartés dans une position très christique, et resta là, les yeux ouverts, laissant le vent caresser son corps nu...