Par une nuit sans Lune, la Lady assise derrière les verres de sa fenêtre avait apparemment noyé son beau regard dans les jardins. La demoiselle semblait porter ce soir une robe de courtisane dont laquelle était munie d’une petite poche caché par les plies de la robe. C’était une bien belle robe prune au style italien de velours avec les empiècements étaient en satin noirs.
Dans son dos la capuche était large tout comme ses manches doublées de satin d’ailleurs. Les laçages sur le devant et le derrière de son corset, assuraient une ligne seyante. A sa main gauche, entourant son index, elle avait glissé une bague à poison. C’était une bague en argent sur laquelle une pierre noire trônait en plein centre, cachant ainsi un compartiment secret dans lequel la Lady prenait soin d’y verser une poudre avant de quitter ses appartements quand elle la portait. La Vampire avait en sa possession des substances t bien évidemment dangereuses et d’origine végétale. Ces poisons sont les plus faciles d’accès et les plus bénins sont souvent utilisés par les chasseurs. Ils sont faits pour être utilisés sur des armes tranchantes ou perforantes, car ce type de poison affecte les proies en entrant en contact avec leur flux sanguin. Ils sont vendus dans de petites fioles de verre ou de terre cuite. Selon les armes, le nombre de doses nécessaires varie énormément (en fonction de la surface de la lame). Or la belle ne portait sur elle aucune arme blanche. Aucune … sauf, ses crocs aiguisés. Oui, elle était assez folle pour en appliquer discrètement sur ses crocs avant de fondre sur sa proie telle un serpent.
Mais à quoi cela pouvait il bien lui servir ? Après tout elle était un vampire, elle n’avait pas besoin de cela pour tuer… Et bien si, mais seulement dans le cas où elle tuerait de manière lente et pour pure plaisir. De plus, si elle devait quitter un corps dont elle n’avait pas fini de vider, elle pouvait ainsi s’assurer qu’il meurt sans que personne d’autre ne vienne lui arracher son dernier soupir autre qu’elle. Elle n’avait donc aucune pitié ? Cette égoïste de Lady ne voyait donc qu’elle ? Non, pas vraiment si on y réfléchissait bien. Il y avait bien deux choses qui occupaient sans cesse son esprit malade. Deux hommes dont les deux sentiments qu’elle éprouvait pour eux semblaient contraires et pourtant s’accordaient très bien. Dorothy avait encore bien en tête sa nuit dans la salle de bal avec son aîné. Chacune de ses rencontres avec celui-ci semblaient se graver à jamais dans un coin de son esprit malgré elle. Arriverait-elle à oublier ses moments ? Non… ils revenaient sans cesse dansant une de ces valses effroyables qui n’avaient jamais de fin. La lady se leva en tirant d’un coup sec son rideau pourpre cachant ainsi le paysage nocturne que lui offrait sa fenêtre. Elle passa sa main droite dans ses longs cheveux de jais. La Belle semblait fatiguée, un soupire long et lourd ne tarda pas à confirmer la chose. Elle finit par se décider à quitter ses appartements avec finalement l’idée de faire gouter, à sa prochaine rencontre avec son aîné, un de ses magnifiques poisons. La vengeance était un plat qu’il fallait déguster froid et la Lady compter effectivement le savourer froid avec un soupçon de sadisme.
Ce soir, la chasse allait être facile. En effet elle devint de bonne humeur quand enfin son plan pour empoisonner le Lord lui germa enfin en tête. Motivée et d’attaque, elle jeta sans plus attendre son dévolu sur une pauvre âme innocente qui avait cherché refuge dans le Labyrinthe. C’était encore une enfant, elle ne devait pas être plus âgée que de dix malheureuses années. La chasseuse s’était faite douce devant elle avant de lui tordre délicatement son petit cou de cygne. Allez savoir pourquoi, elle avait pris l’habitude de montrer aux enfants son caractère « maternelle » avant de les tuer froidement. Peut être, la encore un nouveau signe de sadisme chez elle. Elle les remplissait d’illusions, leur promettait la liberté et un monde meilleur avant de les abattre comme des animaux, sans la moindre pitié. Après tout, au final elle n’avait pas vraiment menti. Ces petits êtres fragiles rejoignaient un monde « meilleur » dans lequel ils ne ressentiraient plus jamais une seule souffrance. Mauvaise ou Bonne alors cette Lady ? Impossible de le savoir vraiment, elle était si difficile à suivre et à comprendre…
Le ciel était noir, à peine entaché de brisures d’opales. Heureusement pour la traqueuse, ses yeux de vampire la guidaient aussi bien que des yeux humains en plein jour. L’air était doux, humide, chargé de parfums de seringats et de sous-bois, a cause des jardins alentours, sans doute. Entouré par le labyrinthe, le Seiiki semblait attendre avec impatience la visite de la Lady. Emergeant des arbres noircis par la nuit et emprisonnés par le labyrinthe, la bâtisse haute d’une quinzaine de mètres, constituée d’une dizaine de fenêtres et d’un perron accessible par un escalier de pierre de quelques marches, au sommet un toit d’ardoises. Le bourdonnement à peine audible de rares bestioles nocturnes émane des végétaux qui l’entouraient en contrebas, lorsqu’un bruit tue le silence. La Lady arrivait enfin devant l’antre sacré de ses aïeuls. Dans un grincement de rouille, elle ouvra la porte de la demeure des anciens. Elle foulait alors d’un pas lent le sol des nobles ancêtres de sa famille.
Les fenêtres du bas étaient closes par des volets de bois à la différence de celles des autres étages et de l’œil-de-bœuf du toit, dont les vitres laissent filtrer l’obscurité de la pièce. En passant devant une sorte d’autel, la Belle alluma les grosses bougies qui trainaient dessus pour mettre un peu d’ambiance. Elle trainait derrière elle le corps encore chaud de son repas. Dans la salle, quelques sièges romains semblaient trainer. L’autel portait en plus des bougies, quelques pétales de roses séchés. Dorothy prit alors le corps de l’enfant dans ses bras et le coucha délicatement sur la table. Elle arrangea les cheveux roux de la fillette dont elle avait ôté la vie. Doucement elle plongea ses ongles tranchant dans le corps de l’enfant et de ses doigts ensanglantés elle alla donner à boire aux esprits de ses aïeuls en passant du sang pure sur leur nom sacré en murmurant quelques paroles, allusions étranges, qu’elle seule semblait comprendre et partager avec les anciens.