[FINIE] Adamenthe Morgan

Ah en voilà une présentation intéressante, dois-je éplucher toute ma psychologie, vous remettre un dossier ou commettre un simple texte rempli de mensonges éhontés ? Non certes pas, l’heure n’étant pas à la plaisanterie, je tenterai, avec toute la solennité si ce n’est sincérité, du monde à détailler cette partie autant que ma pudeur me le permettra. S’il est certain que je porte en moi quelques germes de duperie, je sais faire montre de dévotion et d’un zèle presque fanatique envers mon Seigneur et maître, mais ce ne sera pour vous déplaire je me trompe ?
Je ne puis aucunement me qualifier de taciturne car je me prête volontiers aux jeux et la plaisanterie frisant l’irrespect, certes ce n’est pas très sage mais je ne tiens pas particulièrement à m’enterrer avant l’âge si vous me pardonnez l’expression. Mon esprit rationnel m’empêche de penser autrement qu’avec un pragmatisme agaçant mais à l’aune de cet inconvénient je déborde d’imagination et… de curiosité qui me joue des tours. Je ne m’emporte pas facilement surtout depuis que j’ai compris que ma société était dirigée par une tyrannie permanente. Heureusement mon instinct m’est assez fort pour que j’évite de me fourvoyer trop longtemps dans une direction. Pour finir je conclurais que je ne suis pas d’une austérité à faire pâlir un religieux mais que ma personnalité ne peut se conformer à un seul moule et je ne pourrais prétendre à un très grand sérieux en grand amateur d’autodérision que je suis.

Je me targue d’être bien fait de ma personne sans pour autant me pavaner pour de charmants appâts dont la Nature à su bien me doter. Je ne prétends pas égaler la beauté et la perfection de mes Seigneurs mais mon visage ovale aux traits versatiles selon les situations, s’orne de deux gemmes améthyste tantôt fières tantôt effacées dans l’ombre de la subtilité. J’ai pour habitude de contenir toutes mes émotions dans ce regard et de conserver mon état à force de sourires certainement ambigus de sincérité et d’hypocrisie, ne m’en veuillez point, même si je la trouve sublime, la souveraineté m’a toujours parue à la fois décalée et dans le même temps une caste indispensable. Nous tergiversons. …
Or donc vous trouverez parfois quelques fines mèches folles de ma frange s’abattre sur ma joue et mon œil droit mais le reste demeure soigneusement coiffé derrière mes petites oreilles attentives à tout ce qui bruisse et passe. Vous voilà averti contre les bruits de couloirs. Je dois vous faire noter que mes cheveux diaphanes prennent les teintes irisées des couleurs ambiantes, caractéristique sans doute due à un ancêtre peu commun.
Quant aux reliefs je dois dire que je ne puis me plaindre, l’infâme mélange dont je suis issu, même à quelque obscure génération, ne m’a pas enlaidi, ni fait défaut dans les proportions : je suis d’une taille convenable et n’ai point l’allure d’un gringalet souffreteux, j’ai hérité d’une santé de fer comme en témoigne ma constitution robuste et altière. Même si je suis davantage à l’aise avec les gymnastiques de l’esprit, je ne refuse pas un peu d’exercice où ma vélocité est bien mise en évidence. C’est un moyen très persuasif pour se faire accepter… ou pas.

D’aussi loin que je me souvienne j’ai grandi dans le Château et ne connaît le monde extérieur que par des études personnelles approfondies. Mon passé demeure d’une banalité peu attrayante et comme je n’aime pas perdre mon temps et le faire perdre aux autres, je serai concis.
Tout d’abord j’ai eu des frères et des sœurs qui n’ont pas su se tenir à leur place revendiquant sans cesse leur position sociale au sein de notre race. Mal leur en pris car les nôtres n’oublient jamais la souillure humaine et encore moins les stigmates de celle-ci se promenant librement en leur sein. Ils auraient du comprendre la magnanimité de nos Seigneurs à nous laisser en vie… Tout cela pour arriver à leur condamnation à mort dont je dus être l’exécutant de la sentence pour renouveler mon vœu de fidélité. Cela ne m’a tant affecté que cela je dois dire, être environné de sots impulsifs était loin de me mettre en valeur. Je n’ai jamais spécialement tenu à connaître le nombre de siècles qui s’étaient écoulés depuis que la frivolité et l’inconséquence d’un des membres de ma famille nous avait perdu à jamais. Toujours est-il que je me plais à n’appartenir ni à défendre aucune cause sauf celle de mon Seigneur si tenté qu’il ait besoin d’être défendu (^^ . Mon existence ne se distinguera jamais du commun des grands de ce monde, aussi ce que vous avez perdu du temps à lire, je le crains est loin d’être l’histoire d’un personnage historique ou d’un souverain omnipotent mais celui d’un secrétaire qui aura peut-être la chance de côtoyer les puissants et d’écrire leur Mémoire.